Avant première

𝗟'𝗘́𝗧𝗥𝗔𝗡𝗚𝗘𝗥 de françois ozon

l’adaptation du roman culte d’albert camus par françois ozon pouvait sembler déroutante. et pourtant — elle s’impose avec évidence.

𝗟'𝗘́𝗧𝗥𝗔𝗡𝗚𝗘𝗥 n’a rien d’un texte oublié : il résonne encore de cette transgression fondatrice, de cette subversion anticoloniale et de cette lucidité désabusée qui en font l’un des chefs-d’œuvre de la littérature du xxᵉ siècle.

pourquoi, alors, une nouvelle adaptation — après celle de visconti (1967), avec marcello mastroianni et anna karina ?

la réponse est dans le film lui-même :

dans ce noir et blanc éclatant, lumineux et tragique à la fois ;

dans l’interprétation habitée de benjamin voisin, étranger au monde et à lui-même, fascinant d’opacité ;

et dans cette galerie de seconds rôles — ardents (rebecca marder, denis lavant, swann arlaud) ou arrogants à souhait (pierre lottin) — qui incarnent, chacun à leur manière, le crépuscule inconscient de l’algérie française.

le mérite d’ozon est là : ne pas surinterpréter camus, mais le redonner à voir, avec une sobriété tendue et une justesse rare.

un film à la fois intemporel et brûlant.